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Comment avoir une motivation en béton armé au tennis ?

1er tour du tournoi. Tu es mené 6/4 6/6. 6/4 pour ton adversaire dans le tie-break. La tension est énorme. Tu n’as plus le droit à l’erreur. La pression est tellement forte que tu te crispes et envoies la balle dans le filet. Match perdu. À ce moment, c’est LA faute de trop. Tu es furieux. Tu sers la main de ton adversaire en te disant : « Le tennis c’est fini ! Sport de m***** ! Plus jamais je remets un pied sur un court ! » Tu as perdu tout motivation. 

Alors comment éviter cette démoralisation ? Comment rester motivé toute l’année et être prêt pour la saison des tournois ?

Gère ta motivation tout au long de ta pratique du tennis

Aujourd’hui, on attaque un sujet de fond : la motivation. A quoi ça sert, au tennis ? C’est ce qui te permet de faire les choses plus facilement. La motivation est un ingrédient du bien-être et un moteur de ta performance. Elle permet de rentrer sur le court avec la rage de vaincre et même de te remettre plus facilement d’une défaite difficile.

Le but de cet article est de mieux comprendre la motivation et de faire un bilan sur la tienne, aujourd’hui.

Les 6 sentiments de la motivation

Les 6 sentiments de la motivation

Je parle ici de sentiment car il s’agit avant tout de ce que tu ressens. La réalité et tes sensations peuvent être en accord mais, si ce n’est pas le cas, tes impressions seront plus importantes. 

Pour chacun d’entre-eux, je te donnerai une rapide définition et surtout, la méthode pour ré-activer ces sentiments s’ils ont disparu.

1. Autonomie

C’est le sentiment de liberté dans l’expression de ses choix. Sans ce sentiment d’autonomie, tu te sens comme le simple exécutant des exercices de ton coach, d’être contraint dans tes entraînements.

Si tu ne te sens pas indépendant, tu peux demander à ton coach de te laisser choisir certains des exercices de la séance. Il t’est également possible d’instaurer un moment de “jeu libre” durant lequel tu prendras tes propres décisions.

2. Compétence

C’est l’impression de se sentir capable de vaincre des adversaires même plus fort que toi, quand tu  “as les armes pour le battre”.

Quand tu as l’impression d’être dépassé, que tu ne comprends rien, que ça va trop vite, alors ce sentiment de compétence est absent. Mais l’autre extrême tout aussi dommageable, c’est le sentiment de sur-compétence (quand tu t’entraînes uniquement contre des débutants par exemple). Les deux mènent à une démotivation certaine.

Au moment où tu sens ce découragement arrivé, il est temps de faire le point sur ce que tu sais faire. Oui tu sais faire des choses. Tu as des coups forts Tu connais des plans de jeu efficaces. Prends un instant pour apprécier ce que tu maîtrises.

NB : Ceci est très important en match, quand tu as l’impression que tu as “perdu ton jeu”. Reviens sur des basiques que tu maîtrises.

C’est également le moment d’acquérir de nouvelles compétences, d’assimiler de nouveaux plans de jeu.

3. Appartenance

Ce sentiment est fort quand tu as l’impression d’être inclus dans ton groupe d’entraînement, dans ton club. C’est également quand les autres t’estiment en tant que personne et pas uniquement sur tes performances (“lui c’est le 2nde série du club. Comment il s’appelle déjà ?”). L’être humain est un animal social et il a besoin de sentir qu’il appartient à un groupe, une communauté. 

Pour agir sur ce sentiment d’appartenance, il va falloir briser la glace et envisager des échanges plus personnels (autres que le tennis) avec tes camarades d’entraînements. Tu peux tout aussi bien parler de l’actualité que des résultats de ton équipe de foot préféré. L’important, c’est que les autres te connaissent et t’apprécient pour ce que tu as, pas pour tes performances (oui ça sonne comme un conseil qu’on pourrait retrouver sur un calendrier de yoga mais pourtant ça fonctionne).

4. Plaisir

Oui j’aurais pu mettre ça en tout premier : prendre du plaisir est la base de tout loisir, y compris le sport. Ne plus prendre de plaisir ta pratique sportive conduit généralement à l’abandon à court terme, même si tu te sens compétent et autonome !

Dans mon exemple au début de l’article, le plaisir avait complètement disparu au détriment de la pression.

Pour recréer un sentiment de plaisir, il faut te comprendre ce qui te procurait du plaisir avant cette perte (un partenaire particulier [maintenant tu as la chanson en tête, c’est cadeau], une ambiance de groupe, un rituel de fin d’entraînement…) et ré-introduire, si possible, ces éléments dans ta pratique actuelle. Quand ce n’est pas possible (Michel, ton partenaire de toujours, a arrêté le tennis pour se mettre au triathlon [le traître !]), il va falloir chercher de nouvelles sources de plaisir et remplacer Michel.

5. Progrès

Le progrès est, par définition une transformation pour le mieux, une évolution vers un résultat favorable. Tu te sens progresser quand tu acquières de nouvelles compétences (un peu comme dans un jeu vidéo). Tu améliores ton revers ou ton pourcentage de première balle au service par exemple. Et ça, ça fait du bien au moral !

À l’inverse, une impression de stagnation peut entraîner un découragement à moyen terme.

Dans ce cas, la solution consiste à mettre en place, avec ton entraîneur, un programme d’acquisition d’aptitudes  pour renouer avec le sentiment de progrès. Et si l’objectif que tu te fixes est trop ambitieux, segmente-le en paliers plus modestes atteignables.

NB : le sentiment de progrès est plus important que le progrès lui-même. Si tu fais des progrès sans t’en rendre compte, tu pers l’effet escompté.

6. Engagement

Tu ne peux pas t’investir dans une action si elle ne fait pas sens à tes yeux. Tu n’as alors plus envie d’aller t’entraîner, tu sors des vestiaires à reculons… La perte du sentiment d’engagement vient de la perte de sens dans l’action. 

Pour retrouver cet élan, il va falloir lier tes actions à des sources de motivation déjà présentes… Ok, avec un exemple, ça donne ça : 

En ce moment, tu rechignes à t’entraîner. Tu te souviens qu’avant, tu sortais de l’entraînement complètement lessivé. Tu étais couvert de sueur mais tu ressentais une réelle satisfaction. Soudain, tu prends conscience que c’est ÇA qui te manque aujourd’hui. La solution est donc de demander à ton entraîneur de réintroduire une partie de cardio intense dans tes séances.

Ça va toujours ? Est-ce que tu pensais que la motivation était aussi complexe ? Un dernier point théorique et on passe à un exemple pratique et un exercice.

L’ingrédient bonus

Il reste un élément pour atteindre une motivation réelle et durable : le sens fondamental. C’est cette raison souvent inconsciente qui te pousse à pratiquer ton sport aujourd’hui. Pour la connaître, tu vas devoir prendre le temps de répondre très sincèrement aux questions suivantes :

  • Pourquoi je pratique ce sport ?
  • Pourquoi je le pratique de cette manière ?
  • En quoi pratiquer ce sport représente quelque chose d’important pour moi.

Je te donne la raison profonde de ma pratique du tennis. Le court représente pour moi un espace de justice. Nous sommes alors deux adversaires qui s’affrontent selon des règles précises. La chance n’a que peu de place. Et mes heures d’entraînement sont régulièrement récompensées. C’est pour cette raison que je suis constamment motivé pour aller m’entraîner !

Ces 6 sentiments + 1 bonus sont les fondations d’une motivation solide. Si l’une d’elles s’effrite, elle met en péril tout l’édifice. Il faut alors prendre le temps de savoir quelle brique est fragile et la renforcer. Cela demande une introspection vis-à-vis de ta pratique et de ton tempérament. Et tu en es capable !

Dis moi, dans les commentaires en bas, quel sentiment est le plus important pour toi ! 

Un exemple très concret

Pour illustrer ce gros chapitre, je prendrai l’exemple de Corentin. Il a 23 ans et est actuellement classé 30/1. De nature calme dans son quotidien, il s’engage fortement dans sa pratique du tennis et a souvent l’envie de s’entraîner.

Il a noté les 6 + 1 sentiments sur 10 (0 étant l’absence totale de motivation et 10 une ultra-motivation quasi constante). Le but n’est pas d’attribuer un score à Corentin mais bien de savoir quel est son degré de motivation à l’instant T.  Voici ses réponses :

  • Autonomie : 7
  • Compétence : 6
  • Appartenance : 7 
  • Plaisir : 8
  • Progrès : 6 
  • Engagement : 8
  • Sens fondamental : 7

Que veulent dire ses résultats ?

Corentin est globalement très motivé dans sa pratique du tennis. Il se sent autonome et prend beaucoup de plaisir à jouer. Il se sent bien dans son club et dans son groupe d’entraînement. Son engagement est fort et il semble bien connaître les raisons personnelles qui le poussent à jouer. Cependant, il ne se sent pas très compétent et n’a que peu le sentiment de progresser. Cela ne représente pas de risque majeur d’abandon pour le moment. Mais il doit y faire attention pour que ça ne dégrade pas plus par la suite.

J’ai discuté avec lui pour en savoir plus et comprendre le contexte de ses réponses :

Corentin se sent bridé pendant ses entraînements : sa fougue le pousse souvent à la faute. Et son entraîneur essaie de freiner ses ardeurs pour qu’il construise ses points. Certains jours, cela peut créer de la frustration.

Il a un sentiment de compétence pour son classement actuel mais pense sous-performer par rapport à son potentiel. Il est conscient des progrès qu’il fait depuis qu’il suit des entraînements avec un enseignant diplômé d’état (DE) même si les résultats ne sont pas encore visible en compétition.

Et après ?

Aujourd’hui et dans les prochains mois, Corentin doit prendre conscience de ses qualités sur les courts. Son entraîneur doit mettre en place un programme pour qu’il acquiert de nouvelles compétences (renforcer son revers, améliorer son pourcentage de 2ème balle). Avec ces compétences, Corentin gagnera en confiance en lui pendant les compétitions et les résultats pourront suivre.

À toi de jouer !

Je t’ai préparé un petit questionnaire pour savoir où tu en es, aujourd’hui, dans ta motivation. Prends le temps de le remplir et réponds le plus honnêtement possible. Il n’y a pas de bonne réponse. 

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